Étude de cas

Transcription

Cette présentation a pour but d’illustrer les résultats attendus de l’application de la méthode de création exposée dans la série de vidéos. Elle se présente sous la forme d’une étude de cas en reprenant le même énoncé que celui décliné dans le matériel avec lequel elle est associée, ainsi que les mêmes outils et en suivant le même processus.

La commande reste la même : « une maison de thé nous propose une commande pour la réalisation d’une pièce utilitaire, ou d’une œuvre d’expression, témoignant d’une réinterprétation personnelle et originale des traditions liées à la culture et à la consommation du thé. » Après l’analyse du sujet, j’ai identifié les six axes de recherche suivants : philosophie du thé, voyage, botanique, art, valeur sociale, dégustation.

Cette première lecture m’a amené à interroger les sujets suivants : les relations entre ma famille de matériaux (le textile) et la tradition du thé; les rituels issus de cette tradition et les objets qui y sont associés; la représentation du thé dans les arts et en architecture, au sein des différentes familles de matériaux tels que le bois, la céramique, le métal…

Pour ce premier cycle de collecte de données, je me suis intéressée aux rituels de la cérémonie du thé dans la tradition japonaise et ses prolongements dans l’architecture et le paysagisme. Je me suis ensuite recentrée sur les accessoires employés lors de la cérémonie du thé tels que les bols, plateau, boîtes à thé et éléments de décor. Ce qui m’a conduit, au fil de la recherche, à explorer le thème de la dînette dans les composants de ce jouet prenant la forme d’un service à thé miniature et dans sa valeur éducative.
J’y ai vu un parallèle avec le rituel de la cérémonie du thé : dans sa forme, le jeu de la dînette peut être assimilé à une cérémonie dont les enfants sont les acteurs avec ses codes, un protocole et ses accessoires, tout comme la cérémonie du thé. La dînette servait à apprendre aux enfants les codes sociaux liés à l’acte de recevoir. La cérémonie du thé est aussi un apprentissage spirituel visant le développement de la conscience et de l’appréciation. Les deux ont une valeur éducative sous différents aspects.
Comme l’usage d’une dînette est mentionné dans le roman Les malheurs de Sophie écrit par la comtesse de Ségur, une autrice de contes jeunesse du dix-neuvième siècle, je me suis dit, « tiens, comment pourraient se rejoindre les thèmes de l’enfance et de la tradition du thé ? »

J’ai établi ce parallèle car, dans ma pratique, le thème de l’enfance est un thème central. Mais je ne pensais pas qu’il viendrait se glisser dans les résultats de la recherche avant de la commencer. C’était une belle surprise.

J’ai gardé ce nouvel axe de recherche en tête, en parallèle d’amorcer une première série de générations d’idées. J’ai constaté que les idées ainsi formulées étaient assez éloignées du textile. Pour cause, la collecte de données ayant servie de base à l’idéation ne comportait pas beaucoup d’exemples en lien avec ma famille de matériaux.

Pour cette raison j’ai repris la recherche pour enrichir en allant chercher des informations sur ce qui unit la tradition du thé et l’histoire du textile. C’est un retour en arrière pour reprendre la collecte de données avant de poursuivre l’idéation quand la recherche sera plus fournie. Dans le même élan, j’ai cherché le lien entre l’enfance et le thé. Le chapitre sept, intitulé « a mad tea party », de l’œuvre de Lewis Carroll intitulée Alice au pays des merveilles décrit un univers loufoque qui s’exprime avec une grande liberté, notamment dans l’hybridation des ustensiles : théière à plusieurs becs ou tasse coupée en deux tout en restant fonctionnelle…

Également, à l’intersection des domaines du thé et du textile j’ai découvert un objet porteur d’une tradition textile riche pour la variété de techniques, telles que le tricot, le feutre et la broderie qui constitue ses décors. J’ai nommé le couvre-théière, ou tea cosy en anglais. De plus, le vocabulaire formel emprunté par cet objet issu de la tradition populaire se caractérise par une grande liberté : en forme de chapeau, ou de maison… les déclinaisons sont infinies. C’est un nouveau point marquant dans ma recherche.

Associé à l’univers surréaliste de la mad tea party de Lewis Carroll, me vient l’idée de créer un couvre-théière en forme de tasse de thé surdimensionnée, renversée sur la théière, en laine feutrée pour ses propriétés thermiques mais aussi physiques : en la feutrant, la laine a un facteur de rétrécissement de 20 à 30 %. Je fais ici un parallèle avec l’œuvre de Lewis Carroll, qui fait référence au passage de l’enfance à adolescence en faisant tour à tour grandir et rétrécir Alice, son personnage principal. J’ai orienté la recherche de décors à apposer sur la tasse vers les motifs floraux des céramiques de l’époque victorienne, contemporaines à Lewis Carroll.

S’en est suivi une série de tests techniques pour valider la faisabilité d’appliquer un décor sur de la laine feutrée et de façonner la laine de manière à ce que la forme de la tasse renversée soit bien lisible.
Les tests sont concluants, je peux passer à l’évaluation de l’idée en reprenant les critères identifiés dans l’analyse du sujet. Pour bien répondre à la commande, l’objet à concevoir doit : faire référence aux traditions liées à la consommation et à la culture du thé; être une réinterprétation de cette tradition; être une pièce utilitaire ou d’expression.

Dans le cas du couvre-théière, je fais référence à la tradition du thé avec la scène de la tea party de Alice aux Pays des Merveilles; je fais une réinterprétation d’un objet issu de la culture populaire, le couvre-théière; le couvre-théière remplit sa fonction utilitaire de garder la chaleur de la théière grâce à l’emploi de la laine feutrée qui a une propriété isolante.
Pour conclure, je vois également d’autres développements possibles pour ce projet : par exemple en appuyant la référence au surréalisme je pourrais augmenter l’échelle de l’objet pour aller vers la sculpture et ainsi le détourner de sa fonction utilitaire première pour en faire une pièce d’expression.

Cette étude de cas a pour but d’illustrer les résultats attendus lors de l’application de la méthodologie de création exposée dans la série de vidéos. Elle se présente sous la forme d’un journal de création complet et commenté.

La commande reste la même que celle déclinée dans les trois modules, soit : « une maison de thé nous propose une commande pour la réalisation d’une pièce utilitaire ou d’une œuvre d’expression témoignant d’une réinterprétation personnelle et originale des traditions liées à la culture et à la consommation du thé. »